Interview Pierre Quéru | UCO Laval

15 avr

Interview Pierre Quéru, concept artist freelance

Insertion professionnelle

  • Pierre est diplômé de la Licence Infographie et média interactifs de l'UCO Laval/L3di en 2018. Il est concept artist en freelance depuis 2 ans.

    Bonjour Pierre, peux-tu nous parler de ton parcours ?

    Je suis Concept artist, illustrateur en freelance depuis 2 ans. J’ai fait la Prépa à L3Di et puis les 3 ans de Licence Infographie.
    J’ai toujours été parmi ceux qui dessinaient le mieux, pendant la formation et donc j’étais souvent "relégué" aux travaux artistiques dans les projets de groupe. Mais de fil en aiguille j'ai découvert le Concept Art et c’est vraiment la phase de design et de conception qui m’a plu.
    On retrouve du concept art un peu partout, principalement dans les jeux vidéo, dans les films, les parcs d’attractions, spectacles, les publicités. Tous les domaines où on a besoin de visuels.

    J’ai fait un stage chez Seenapsis studio, un studio indépendant de jeu vidéo à Nantes, qui a sorti “A long way down” en janvier 2020. J’y ai fait de l’UI et UX, j’ai fait de l’animation 2D et 3D, du character design, du concept art. Ça m'a conforté dans l’idée de me spécialiser dans le concept art, et même dans les environnements, props, architecture. L'architecture, c’est mon dada !

    A partir de Mars 2019 j’ai travaillé avec le studio Vertigo Gaming sur la licence Cook Serve Delicious 3. Au début je travaillais surtout sur les interfaces et des concept arts de menus puis de fil en aiguille j’ai fait des props, des décors de cinématique et des illustrations marketing.

    J’ai également travaillé avec un studio d’outsourcing qui s’appelle Tokkun Studio, pour qui j’ai fait une mission d’UI sur un jeu qui n’a jamais vu le jour. Et je vais bientôt travailler avec Ubosoft Bordeaux.

    Peux-tu nous en dire plus sur le statut de freelance ?

    On est non seulement artiste, mais aussi commercial, comptable, marketeux, community manager….A la sortie de mon stage, je galérais à trouver un poste en CDI. Les studios veulent des gens solides, mon portfolio n'était pas fou. Donc je me suis lancé en freelance.
    Au départ, c’est beaucoup d’appels avec l’URSSAF pour savoir comment ça marche. Il faut apprendre à gérer les charges, calculer son taux horaire, son taux journalier, savoir ce qu’on vaut. On a toujours tendance à se dévaloriser. On apprend sur le tas à démarcher les clients, négocier les prix, gérer les feedbacks des clients.

    Est-ce que tu arrives à en vivre correctement?

    Ça dépend des périodes. Actuellement, je n’ai pas de loyer à payer. C’est un des problèmes du freelance, sans CDI, c’est difficile d’avoir un accès aux prêts. Il y a des moments où je gagne beaucoup d’argent, quand l’agenda est plein et que les missions s’enchaînent. Et il y a des périodes plus creuses. C’est le moment pour démarcher des clients, envoyer des mails aux studios, refaire son portfolio. C’est le moment aussi de s’améliorer : travailler les nouveaux logiciels, de nouvelles compétences.

    Des conseils pour un bon portfolio ?

    Chaque studio va avoir sa vision du portfolio idéal. Mais de manière générale, il faut faire attention à la présentation, montrer tes recherches, tes références. Il ne faut pas hésiter à déconstruire ton environnement pour montrer les éléments. Il ne faut pas s’arrêter au côté esthétique d’une image. Il faut des images solides, mais il faut montrer tout le déroulement de ta pensée : comment tu as imaginé un véhicule, un personnage, un bâtiment; montrer tes itérations, tes différentes pistes.
    La page de garde, c’est la page esthétiquement qui en jette. Mais ensuite tu prends une image, et tu détailles les différentes parties afin, par ex, qu’un modeleur 3D sache quoi faire de ton concept. Il ne faut pas hésiter à montrer beaucoup de props, des recherches, des références, des recherches de forme. Il faut prendre son temps pour faire les images. Mais aussi, ce que tu mets dans ton portfolio, il faut être capable de le faire rapidement, une fois que tu seras en studio, car tu seras plus dans le rush.
    Il faut éviter les portfolios de plus de 15 pages. Si une boite reçoit 50 portfolios par jour (et encore c’est pas beaucoup), la personne en charge du recrutement ne regardera pas 30 pages. Elle regardera les 10 premières, si ça lui plait, elle continuera, sinon, elle jette.
    Il vaut mieux 15 super planches que 30 qui sont pas hyper convaincantes.

    Des conseils pour un futur concept artist ?

    Quand on est concept artist, il faut s’y connaître un peu sur tous les sujets. Par exemple, pour l’environnement, il faut s’y connaître en géologie, en architecture, en géographie, en histoire aussi. Si on vous demande de dessiner un désert, il faut connaître les différents types de désert. Si on vous demande une voiture des années 70, il vaut mieux s’y connaître, pour ne pas designer une voiture des années 80.

    Où puises-tu ton inspiration ?

    L’inspiration est partout : dans les films, les séries, les documentaires. Il faut exercer sa curiosité, faire des recherches sur tout.
    S’inspirer d’autres artistes numériques, mais aussi d’art contemporain, ou classique (peinture hollandaise), chercher des références aussi en dehors du domaine des jeux vidéo.
    Personnellement, je suis un grand fan de Star Wars. La série The Expanse a des designs vraiment chouette. J’aime aussi beaucoup l’architecture, en particulier l’architecture brutaliste : les gros blocs de béton, c’est fun de travailler avec.
    Du côté des jeux vidéo, j’aime beaucoup Metro, The last of us pour l’ambiance et les décors, God of war.

    Des conseils pour trouver un stage ?

    Avoir un portfolio propre, bien présenté, lisible. Effectivement vous n'aurez pas le portfolio de quelqu’un d’archi compétent, mais les studios le savent. Il faut adapter le portfolio à l’entreprise dans laquelle vous candidatez et au poste.
    Il faut éviter le copié/collé dans la lettre de motivation. N’hésitez pas à avoir une veille active sur les réseaux. Creusez au niveau des ressources : associations, clusters (Atlangames, Push Start), l’AFJV. Ces assos, elles sont sur les réseaux, elles ont des discord où on peut trouver les professionnels et les contacter directement. Si on a une veille active sur ce genre de site, on peut trouver des infos intéressantes ou l’annonce qu’on a vu nulle part et qui fera peut-être mouche!